Karukera
C'est
ainsi que Christophe Colomb, stupéfié
par l'abondance de la végétation,
surnomma celle qu'il découvrit un matin
de novembre 1493, au cours de son second voyage
vers les Indes Occidentales. Depuis plus de
deux mois, la traversée de l'Atlantique
s'éternisait. Les réserves en
eau menaçaient de s'épuiser et
l'équipage, un peu plus tôt, avait
subi une violente tempête. Sans autre
recours, le navigateur s'était tourné
vers Santa Maria de Guadalupe. Parvenu sain
et sauf en vue d'une terre verdoyante, riche
de promesses de ravitaillement, il lui dédia
sa découverte. C'est ainsi que, progressivement,
on en vint à connaître l'île
sous le nom de Guadeloupe. Longtemps auparavant,
les Indiens caraïbes l'avaient appelée
Karukera, "l'île aux belles eaux".
On a souvent comparé la Guadeloupe à
un papillon déployé sur la mer
des Antilles. Au nord, Grande-Terre est en fait,
avec 560 km2, la plus petite des deux ailes.
Calcaire et peu accidentée, retenant
avec peine les eaux de pluie apportées
par les alizés du nord-est, elle est
le domaine de la canne à sucre et des
cabrouets, les chars à boeufs. Sur la
côte orientale, ouverte aux 2 ouragans,
les déferlantes atlantiques s'abattent
avec fracas, alors qu'à deux pas le littoral
méridional étale les plus belles
plages de la Guadeloupe. Sable doré et
eau tiède sont bien au rendez-vous. A
l'ouest, à deux pas de la Rivière
Salée, un étroit chenal d'eau
de mer faisant en fait deux îles de la
Guadeloupe, se trouve Pointe-à-Pitre,
la ville principale.
Au sud, Basse-Terre (800 km2) est malgré
son nom envahie par la masse de l'imprévisible
volcan de la Soufrière, culminant à
1467 m. La pluie s'écrase sur les pentes
raides des montagnes bouleversées par
les éruptions successives et dans les
vallées fertiles, nourrissant une flore
débridée et des dizaines de torrents
éclatant en cascades tumultueuses. Le
long des côtes découpées,
des villages s'ancrent au fond de baies protégées
par de véritables remparts rocheux. Si
on cultive également la canne dans la
région de Sainte-Rose. On se consacre
surtout ici à la banane, au café
et au cacao. A la pointe sud-ouest, la petite
ville de Basse-Terre endosse, plutôt que
Pointe-à-Pitre, le rôle de chef-lieu
du département.
Avec une population dépassant les 400000
habitants, la Guadeloupe est l'une des îles
les plus densément peuplées des
Antilles - ce qui n'est pas sans provoquer des
problèmes de logement et de chômage.
La plupart de ces habitants sont originaires
d'Afrique, descendants d'esclaves amenés
de force au XVIIe et XVIIIe siècles pour
travailler dans les plantations. Si la prééminence
de la canne tend à disparaître,
le poids du passé reste parfois lourd
à porter. Toutefois, le métissage
et le passage du temps ont donné naissance
à une culture nouvelle, originale où
se sont mêlées les influences des
uns et des autres.
Histoire
Epoque précolombienne
A l'aube de l'ère chrétienne,
des tribus indiennes originaires d'Amérique
du Sud remontent l'arc antillais. A partir du
IXe siècle, les Arawaks, des agriculteurs
pacifiques, sont progressivement chassés
et décimés par les Indiens caraïbes,
venus de la région de l'Orénoque.
XVe-XVIIe
siècle.
En
1493, au cours de son second voyage, Christophe
Colomb découvre la Guadeloupe ainsi que
la Désirade et les Saintes. Après
le massacre de plusieurs missionnaires espagnols,
l'île reste inoccupée jusqu'en
1626, lorsque débarque un gentilhomme
normand, Pierre Belain d'Esnambuc. Neuf ans
plus tard, la première tentative d'installation,
avec 550 colons français menés
par les sieurs Duplessis et Lyenard de l'Olive
connaît des débuts très
difficiles. Les maladies et les attaques des
Caraïbes font des ravages. Pourtant, le
commerce triangulaire se met peu à peu
en place: des esclaves "importés"
d'Afrique commencent à travailler à
la culture du coton et de l'indigo. D'abord
domaine privé de la Compagnie des Indes
Occidentales, l'île change plusieurs fois
de mains avant d'être réunie à
la Couronne en 1674.
XVIIIe
siècle.
La
culture de la canne nécessitant une main-d'oeuvre
toujours plus importante, l'esclavage s'intensifie.
Il atteint son point culminant dans la seconde
moitié du siècle. Parallèlement,
la piraterie et les guerres franco-britanniques
jettent à intervalles réguliers
le trouble dans l'île. En 1759, la Guadeloupe
tombe entre les mains des Anglais. Elle est
restituée quatre ans plus tard. En 1794,
la Révolution française, sous
l'influence de la Société des
Amis des Noirs, décide l'émancipation
des esclaves. Mais la Guadeloupe, restée
royaliste, refuse de se soumettre et fait appel
aux Anglais. La Convention dépêche
alors Victor Hugues, qui se charge, à
l'aide de la guillotine, de faire rentrer les
planteurs dans le rang; 4000 d'entre eux sont
exécutés.
XIXe-XXe
siècle.
En
1802, Napoléon, alors Premier Consul,
réintroduit l'esclavage. Les hommes affranchis
quelques années plus tôt, menés
par Delgrès, se soulèvent. La
révolte est réprimée dans
un bain de sang. A la faveur des guerres napoléoniennes,
la Grande-Bretagne occupe à nouveau l'île.
Il faut attendre 1846 et l'intervention de Victor
Schoelcher, député des Antilles
françaises, pour que l'Etat décide
finalement l'affranchissement des esclaves de
son domaine. Deux ans plus tard, l'abolition
définitive est signée: 87 500
esclaves
guadeloupéens retrouvent la liberté.
Leurs propriétaires sont indemnisés.
La production de sucre s'effondre. Les planteurs
recrutent alors des travailleurs dans les établissements
français de l'Inde.En 1871, la Guadeloupe
fait son entrée au Parlement français.
En 1946, elle devient, au même titre que
la Martinique et la Réunion, département
français.
Pointe-à-Pitre
Du
temps où il n'y avait ici qu'un minuscule
village de pêcheurs, quelques années
seulement après l'arrivée des
premiers colons, un pêcheur hollandais
nommé Pieter vendait son poisson au bout
d'une pointe rocheuse. Les habitants prirent
l'habitude de désigner l'endroit comme
la " Pointe à Pieter ". Peu
à peu à la faveur des occupations
anglaises et des écarts de prononciation,
on en vint à parler de Pointe-à-Pitre.
C'est toujours autour de la Darse, le port,
que bat le coeur de la ville. Cargos et Yachts,
barques, saintoises et ferries y jettent l'ancre,
s'amarrant le long du quai où chaque
matin les vendeuses proposent crabes ligotés
et fruits tropicaux. Les régimes de bananes
s'entassent, débordant de la halle ouverte
sur la mer. Pour quelques euros, pourquoi ne
pas goûter aux quenettes, vaguement semblables
aux litchis, ou aux ananas bouteilles sucrés,
tout juste récoltés.
Contre
le marché, face à la Darse, la
place de la Victoire, cerclée de palmiers
royaux et de petits cafés, est un lieu
de rendez-vous recherché. On s'y retrouve,
on s'y jette des oeillades, on y attend le bus.
Son nom commémore la défaite anglaise
sous les coups de Victor Hugues, venu rétablir
en Guadeloupe le règne de la révolution
française. Sur cette même esplanade,
nombreuses sont les têtes des petits planteurs
qui roulèrent : en ces temps sombres,
on y avait installé la guillotine. On
reconnaît facilement à l'ouest,
l'Office du Tourisme à sa façade
blanche et à ses colonnades.
Juste derrière, une petite rue mène
à la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul,
site de la grande fête annuelle des Cuisinières.
A cette occasion, début août, les
femmes âgées de l'île membres
de l'Association du Cuistot Mutuel revêtent
foulards et madras pour quelques heures d'une
fête aux couleurs du passé. Dans
un bâtiment noir de monde, on célèbre
la messe dans le plus grand apparat. Du haut
du balcon supérieur, la vue sur cette
marée de costumes rosé et or est
spectaculaire. La procession conduit ensuite
ces dames à travers les rues, où
elles distribuent les produits de leur cuisine.
La basilique, détruite par le séisme
de 1843 fut reconstruite sur le modèle
des bâtiments en fer et acier rendu célèbre
par Gustave Eiffel.
A quelques centaines de mètres vers l'ouest,
la rue Frébault grouille d'activité.
Attiré par les bonnes affaires, on y
musarde, on y marchande, farfouillant dans les
étals des magasins de tissus et de vêtements
débordant sur les trottoirs. Au croisement
de la rue Peynier, le marché couvert
Saint-Antoine regorge de produits frais. C'est
l'adresse idéale pour ceux qui souhaitent
ramener vanille des îles, cannelle ou
épices.
En remontant la rue Peynier vers l'ouest, le
port dans le dos, on atteint rapidement le Musée
Schoelcher, consacré aux travaux et à
la vie de l'homme responsable de l'abolition
de l'esclavage en 1848. Partout aujourd'hui,
à travers les îles, vous rencontrerez
places, rues et avenues portant le nom de ce
héros des Antilles françaises.
De retour près de la darse, on trouve
facilement, là où la rue de Nozières
croise la rue Achille René Boisneuf,
le Musée Saint-John Perse. On y conserve,
dans une magnifique demeure coloniale, le souvenir
du prix Nobel de Littérature (1960).
Fils d'une famille de planteurs, de son vrai
nom Alexis Léger, celui-ci quitta à
douze ans la Guadeloupe pour ne plus jamais
y revenir. Les Guadeloupéens lui en tiennent
toujours rigueur, même si certains de
ses plus beaux poèmes trouvent leur inspiration
dans les palmes et les alizés antillais.
La maison possède un parcours étonnant:
construite en France en pièces détachées,
elle était à l'origine destinée
à une riche famille créole de
Louisiane. Elle fut vendue en chemin pour permettre
de payer les réparations du bateau qui
la transportait.
Autour
de Grande-Terre
Fermant
la rade de Pointe-à-Pitre par l'est,
le quartier résidentiel de Bas du Fort
conserve de son passé stratégique
le fort Fleur d'Epée, une bâtisse
massive aux murs de corail gardée par
trois formidables canons. En 1794, Anglais et
Français se battirent ici au corps à
corps pour conserver le contrôle de la
colline, considérée comme essentielle
à la défense de la Guadeloupe.
Un petit musée rappelle les faits, mais
l'intérêt principal de l'excursion
réside dans le splendide panorama s'étendant
sur le littoral et jusqu'à Marie-Galante.
On trouve également à Bas du Fort
une grande marina et un aquarium.
Vers l'est commence la "Riviera" guadeloupéenne.
Sur une trentaine de kilomètres, du Gosier
à Saint-François, sable clair
bordé de palmiers et complexes touristiques
se succèdent. La Pointe de la Verdure,
à 10 min seulement de Pointe-à-Pitre,
possède certaines des plages les plus
fréquentées (le week-end en particulier)
et un grand nombre d'hôtels de luxe et
de discothèques. Tout proche, le vieux
village de Gosier domine sur fond de mer turquoise
l'îlet du même nom, surmonté
d'un phare rouge et d'un bouquet de végétation.
De la place principale, la vue est magnifique.
N'hésitez pas à emprunter le court
escalier descendant à une anse lilliputienne.
De jolies barques colorées et quelques
voiliers se balancent là, servant de
tremplin à des familles de pélicans.
Un service de navettes permet de se rendre sur
l'îlet du Gosier, réputé
pour sa plage naturiste.
Une quinzaine de kilomètres vers l'est,
Sainte-Anne, une ancienne ville sucrière,
est désormais en plein coeur de la "côte
du farniente". La plage longeant la route
est agréable, mais celle de la Caravelle,
sur la pointe fermant la baie à l'ouest,
l'est bien davantage encore. Appartenant au
Club Méditerranée, elle est cependant
ouverte au public. Difficile de l'affirmer,
tant l'éventail est large, mais on dit
souvent qu'elle est la plus belle de toutes.
Des vagues douces viennent y lécher un
sable blond jusqu'au pied de cocotiers gracieusement
courbés.
Quinze kilomètres supplémentaires
et vous atteignez Saint-François, paisible
bourgade de pêcheurs devenue haut lieu
du tourisme guadeloupéen. Sa marina est
aujourd'hui la plus importante de l'île
après celle de Bas du Fort et les infrastructures
touristiques ont poussé un peu partout.
On peut y pratiquer la voile et tous les sports
nautiques, tout comme le golf, le tennis ou
l'équitation. Les adeptes du sable chaud
se régaleront à la plage des Raisins
Clairs, qui tire son nom des arbres qui la bordent,
des résiniers aux feuilles larges et
aux fruits verts arrangés en forme de
grappes.
Carnaval
Chaque année, en janvier, la joie descend
dans les rues. Depuis des semaines, on prépare
les costumes. Pendant quelques jours, la liesse
va s'emparer de tous. Mardi Gras: diables rouges,
monstres en tous genres, nains et géants
défilent en farandoles ininterrompues.
Du bébé au vieillard, tous participent,
grimés et masqués. Le soir du
mercredi des Cendres, une foule immense, vêtue
de noir et de blanc, accompagne le mélancolique
Vaval jusqu'à sa dernière demeure.
Avant que l'aube n'arrive, le dieu de la fête
se consume sur un immense bûcher dans
un adieu déchirant aux réjouissances.
De Saint-François, la route, longeant
l'océan, mène en une dizaine de
kilomètres à la Pointe des Châteaux,
une sorte de Finistère contrastant de
manière flagrante avec les paysages jusqu'ici
traversés. Les assauts de l'Atlantique
y ont inlassablement sculpté la roche
friable de la falaise. Un sentier à travers
les broussailles conduit en une dizaine de minutes
au pied d'une grande croix de ciment d'où
la vue porte jusqu'aux îles inhabitées
de la Petite Terre et, au-delà, jusqu'à
la Désirade. Vers l'ouest, derrière
les Grandes Salines abandonnées, on distingue
les belles étendues de sable de l'Anse
Tarare et de l'Anse de la Gourde, lieux de baignade
tout désignés.
De retour à Saint-François, on
poursuit généralement vers le
nord, en direction du Moule, pénétrant
sur le territoire des plantations de canne.
De manière épisodique, les ruines
de sucrotes, d'anciens moulins servant à
broyer la plante pour en extraire le sucre,
agrémentent le paysage. En chemin, vous
passerez sur votre droite la petite maison de
planteurs de Zévallos. Dans l'intérieur
des terres, la distillerie Bellevue perpétue
la tradition du rhum. Les jours de travail,
de février à juin, saison de récolte,
vous aurez toutes les chances d'y croiser un
cabrouet venant livrer sa canne.
Le Moule ne se distingue guère par sa
plage, mais par le très intéressant
Musée Edgar-Clerc, abritant une magnifique
collection d'objets arawak et caraïbes
découverts dans les environs.
En remontant vers la pointe septentrionale de
Grande-Terre, fief de longue date de l'aristocratie
sucrière, une mer de canne ondule à
l'infini, entrecoupée ici et là
des silhouettes d'autres sucrotes délabrées.
A la Porte d'Enfer, les vagues ont formé
une longue tranchée, particulièrement
propice à la baignade. Mieux vaut y venir
en semaine tant la foule s'y presse le week-end.
A l'extrême nord, la route s'arrête
à la Pointe de la Grande Vigie. Un court
sentier mène au faîte de colossales
falaises plongeant dru dans l'océan.
Dans le ciel, les frégates volent majestueuses,
portées par des courants ascendants.
A cet endroit, au XIXe siècle, vivaient
encore dans une réserve les derniers
descendants des Indiens caraïbes aujourd'hui
disparus.
Sur la route du retour vers Pointe-à-Pitre,
prenez le temps de vous arrêter à
Port Louis, baigné par la superbe Anse
du Souffleur, idéale pour piquer une
tête. Morne-à-1'Eau est quant à
elle connue pour son étonnant cimetière
aux tombes entièrement recouvertes de
carreaux noirs et blancs en damier. A l'est
des Abymes, peu avant d'atteindre Pointe-à-Pitre,
des routes tortueuses s'enfoncent vers les Grands
Fonds, une région où s'accumulent
bizarrement des centaines de collines. C'est
dans ce coin isolé que se réfugièrent
en 1794 les petits planteurs blancs tentant
d'échapper à la guillotine de
Victor Hugues. Les Blancs-Matignon, comme on
les appelle, refusent aujourd'hui encore de
mêler leur sang à celui des étrangers
ou des descendants de leurs anciens esclaves.
Autour
de Basse-Terre
En
descendant le long de la côte orientale
de Basse-Terre, on passe Petit-Bourg, porte
d'accès au parc floral de Valombreuse,
puis Goyave. Sainte-Marie, quelques kilomètres
plus loin, doit son nom à Christophe
Colomb. C'est ici que le navigateur et ses hommes
débarquèrent en 1493, provoquant
la fuite des Caraïbes. Un buste du Génois,
sur la place du village, commémore l'événement.
A mi-chemin de Sainte-Marie et de Capesterre,
difficile de ne pas remarquer le temple hindou
aux nombreuses divinités de plâtre
peintes de couleurs vives. Construit par les
immigrants venus travailler dans les plantations
au XIXe siècle, il reste très
fréquenté par la communauté
hindouiste. La région, propice à
la culture de la banane, s'enorgueillit de nombreuses
plantations. Il est possible, les jours d'activité,
de visiter celle de Grand Café. Vous
aurez sans doute remarqué que les régimes
sont enveloppés dans des sacs en plastique:
cela dans le but d'accélérer leur
mûrissement.
Après Capesterre, que l'on atteint au
milieu des flamboyants, la route s'engage entre
deux majestueuses rangées de palmiers
royaux: c'est l'Allée Dumanoir.
En poursuivant vers le sud, juste avant Bananier
le bien nommé, une petite route tortueuse
grimpe en direction des chutes du Carbet, passant
à proximité de plusieurs exploitations
florales, dont quelques-unes sont ouvertes au
public. C'est l'occasion de se promener au milieu
d'une profusion de magnifiques anthuriums, heliconias
et autres oiseaux de paradis et, peut-être,
d'en acheter quelques-uns avant le retour. La
route pénètre ensuite la forêt,
longeant un instant le Grand Etang, puis atteint
le belvédère, d'où on aperçoit
sans peine deux des trois chutes. Un sentier
un peu boueux, encadré par des fougères
arborescentes, mène en une demi-heure
à la plus proche, dégringolant
de la montagne sur près de 110 m. C'est
une excursion très populaire auprès
des Guadeloupéens et il est préférable,
si vous tenez à profiter de la sérénité
des lieux, d'y venir en semaine.
A Trois-Rivières, port d'embarquement
pour les îles des Saintes, le parc archéologique
des Roches Gravées, situé sur
la colline dominant le port, regroupe dans un
agréable cadre de jardin tropical plus
de 200 pétroglyphes dus aux Indiens arawak,
les premiers habitants de l'île. On y
reconnaît sans peine des visages humains
et de multiples figures géométriques.
Quelques kilomètres à l'ouest
de Trois-Rivières, la plage de Grande
Anse possède un beau sable noir.
Dépassant la pointe sud de l'île,
voilà Basse-Terre, le chef-lieu administratif
de la Guadeloupe, une petite ville endormie
sans véritable prétention touristique.
De là, une route sinueuse s'élève
en direction de Saint-Claude, longtemps resté
le lieu de villégiature de prédilection
des familles de planteurs, puis vers la Soufrière.
Juste après l'entrée du parc,
la Maison du Volcan vous renseignera sur l'activité
de la montagne, dont les "explosions de
vapeur", en 1976, provoquèrent au
milieu de force controverses l'évacuation
de tous les habitants de la région de
Basse-Terre. Finalement, aucune éruption
n'eut lieu. De la Savane à Mulets, au
bout de la route, à 1142 m d'altitude,
un sentier pierreux s'élève rapidement
vers le sommet, atteint en une bonne heure de
marche. Le paysage que vous découvrez
est lunaire: de la terre pelée, trouée
de monstrueux évents, s'élèvent
dans un bruit cataclysmique de colossaux nuages
de vapeur.
De Basse-Terre, la route remonte le long de
la côte occidentale de l'île, épousant
un terrain accidenté de caps et de promontoires
rocheux. Si, jusqu'à Bouillante, le sol
semble relativement aride - les pluies, retenues
par la Soufrière, ne parviennent pas
jusque là -, la végétation
reprend ensuite ses droits dans une débauche
de fleurs et de chlorophylle. Face au hameau
de Malendure, l'îlet de Pigeon est, grâce
à l'intervention du Commandant Cousteau,
devenu une réserve sous-marine. On peut
y plonger au milieu d'un arc-en-ciel de poissons
bigarrés ou, si l'on préfère,
embarquer à bord d'un bateau à
fond de verre.
Peu après, à Mahaut, il vous faudra
décider de la voie à emprunter
pour le retour vers Pointe-à-Pitre. La
route de la Traversée, la plus courte,
coupe Basse-Terre en son coeur par le parc national
de la Guadeloupe. C'est l'occasion d'une agréable
promenade à travers les 30000 ha de cette
magnifique forêt tropicale où foisonnent
acajous, fougères arborescentes et plantes
épiphytes de toutes sortes. L'une des
excursions favorites consiste à se rendre
à la cascade aux Ecrevisses, une petite
chute située dans un beau cadre sauvage,
prétexte à de joyeuses baignades
dans l'eau fraîche. Auparavant, vous aurez
passé la Maison de la Forêt, d'où
un réseau de sentiers invite à
d'autres promenades.
L'autre option, plus longue, consiste à
poursuivre la remontée du littoral. Passé
Mahaut, la route atteint Pointe Noire, puis
Deshaies, un adorable village de pêcheurs
niché au fond d'une baie bien protégée.
On y pratique la plongée sous-marine
avec assiduité. Peu après, Grande
Anse, un magnifique arrondi de sable clair,
reste malgré les ravages d'un ouragan
- les cocotiers y ont perdu la tête -
une des plages préférées
des Guadeloupéens.
Tout au nord, dans la région de Sainte-Rose,
la seule de Basse-Terre qui échappe à
l'emprise des montagnes, la culture de la canne
à sucre demeure l'activité principale.
C'est ici que débarquèrent en
1636 les 550 hommes à l'origine de la
première tentative de colonisation de
la Guadeloupe. On peut visiter dans les environs
la distillerie du domaine de Séverin.
Celle de Rémonenq, qui a cessé
toute activité, a été convertie
en un intéressant Musée du Rhum.
On y trouve de surcroît une galerie d'insectes.
Marie-Galante
Baptisée
par Christophe Colomb du nom d'un de ses vaisseaux,
Marie-Galante, à 40 km au sud-est de
la Guadeloupe, est depuis son introduction au
XVIIe siècle par Constant d'Aubigné,
le père de la future Madame de Maintenon,
le royaume de la canne à sucre. D'un
bout à l'autre de l'île, les champs
ondulent sous les alizés, piqués
ici et là des ruines d'innombrables sucrotes.
A l'est de Grand Bourg, où accoste le
ferry, on peut visiter les vestiges du château
Murât, en fait une vaste plantation dont
ne subsistent guère que les murs de la
demeure et le vieux moulin à broyer la
canne.
Ailleurs, on assistera à la fabrication
traditionnelle du rhum, réputé
parmi les meilleurs du monde. Sur la route de
Saint-Louis, dans une usine antédiluvienne,
la distillerie Poisson produit le célèbre
rhum du Père Labat, du nom du père
missionnaire qui, à la fin du XVIIe,
le fit connaître et perfectionna sa méthode
de distillation. Les machines sont les mêmes
qu'au début du XXe siècle et le
tout fonctionne, tant bien que mal, dans un
capharnaüm épouvantable. Moins connue
mais tout aussi ancienne, la distillerie Bielle,
entre Grand Bourg et Capesterre, à l'est,
mérite également une visite.
Pour le reste, Marie-Galante possède
quelques-unes des plus belles plages de la Guadeloupe.
Près de Capesterre, celles de la Feuillère
et de Petite Anse soulignent de leur sable clair
deux arcs de cercle parfaits. Attention toutefois
à la force des rouleaux. A l'autre bout
de l'île, passé Saint-Louis, la
plage de Moustique et celle de l'Anse du Vieux
Fort s'alanguissent, idylliques, au pied de
cocotiers débonnaires - cette fois, c'est
des noix de coco qu'il faut se méfier
s'il y a du vent !
La
Désirade
Généralement
délaissée par les touristes, la
Désirade, flottant à l'est de
la Pointe des Châteaux, plaira à
ceux qui recherchent la tranquillité
absolue. Aride et désolée, elle
compte en tout et pour tout 200 habitants, vivant
chichement de l'agriculture et de la pêche.
Au début du XVIIIe siècle, par
peur de la contagion, on exila de force, à
l'est de l'île (à Baie-Mahault,
où subsistent quelques vestiges de la
colonie), les lépreux de la Guadeloupe.
Quelques familles de "petits Blancs"
pauvres, dont certains descendants de familles
nobles, ruinés ou bannis de leur famille,
s'installèrent à leur tour à
l'ouest. Peu d'activités au programme,
si ce n'est la baignade, le long de belles plages
désertes, et la plongée.